Akhal-Teke Magazine

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Quel éducateur choisir pour débourrer et éduquer son akhal-téké ?


Beaucoup de personnes tombent amoureuses de la beauté des akhal-tékés. Beaucoup achète ou élève des poulains et rencontres des problèmes dans l'éducation, la manipulation et le travail de ces superbes chevaux. Dieu soit loué, je n'ai pas besoin de faire appel à des personnes extérieures : j'ai vingt-sept ans d'équitation dans les fesses et dans la tête, et plus de 4000 kilomètres de piste et de manège. J'ai par chance été formé par des hommes intelligents : Monsieur Pierre Camon, garde-républicain, Monsieur Lucas, juge de dressage international, et quelques autres, plein de tact et de mesure. La seule méthode pour entretenir avec un cheval une relation de travail basée sur la confiance se résume pour moi à quelques grands principes : patience avec un grand P, « demander peu et récompenser beaucoup », observer beaucoup et agir peu, apprendre sans cesse, aimer toujours.


Un akhal-téké est un pur-sang, ce qui suppose un minimum de connaissances équestres et de tact. Vous voulez-vous payer la lune ? Soyez à la hauteur de votre rêve. Si vous ne les possédez pas, avant que les catastrophes se produisent, sachez les confier à des professionnels. Si j'écris cet article, c'est parce que j'ai vu trop de chevaux bousillés par l'incompétence de leurs propriétaires… À ce propos, j'en profite, avant de continuer, pour faire une petite prière : si vous prétendez aimer les chevaux, prenez la peine de vous forger un minimum de culture équestre. Ca commence par la lecture des textes classiques, de Xénophon à La Guérinière, en passant par Fillis, Baucher, Oliveira et tant d'autres. Vous serez surpris de découvrir depuis combien de temps les soi-disant « nouveaux » principes de l'équitation dite par abus de langage « naturelle » sont aussi vieux que l'équitation. C'est seulement parce que vous êtes ignorants, et qu'eux le sont aussi parfois (les Nouveaux Mondes, comme les Nouveaux Maîtres, sont connus pour leur inculture, c'est définitoire, non ?). Alors, s'il vous plaît, ne soyez pas les ânes de ces dresseurs de porte-monnaie. Je ne saurais trop vous conseiller de vous méfier des sirènes des nouveaux maîtres, pseudo-éthologues et autres chuchoteurs. Non seulement ils sont très chers, mais les méthodes pratiquées sous des apparences de douceur, sont souvent très dangereuses pour la santé mentale de votre cheval. Si vous ne me croyez pas, lisez donc ce qui suit, c'est édifiant. 


Soyons clairs…

POUR LA SAUVEGARDE DES CAVALIERS ET DES CHEVAUX…

POUR LA SAUVEGARDE DE L'ÉQUITATION… Soyons clairs…


Par N. MIKLAS (Docteur en Biologie du comportement) & J.-C. BARREY (Éthologue, Directeur de la Station de Recherche, chargé de cours en éthologie pour la formation continue en T.A.C. à Paris intervenant en éthologie équine à l'ENE, aux Haras Nationaux et dans des établissements d'enseignement aux métiers du cheval, ancien cavalier de dressage de 2ème catégorie, juge de dressage, membre du C.F.J.D., éleveur.


Les éthologues de notre station de recherche 1, saturés par le battage médiatique autour d'une pseudo éthologie et inquiétés par l'adhésion de la Fédération Française d'Equitation et de nombreux cavaliers à cet endoctrinement, se mobilisent pour remettre les choses au point.

Notre vocation première est de faire de la recherche et de la diffuser et non de rentrer dans des polémiques couvrant des intérêts commerciaux certains, mais alors que la Fédération Française d'Equitation officialise ces pratiques, trop c'est trop, et nous ne pouvons plus laisser dire et faire n'importe quoi sans réagir.

Tout d'abord, le discours et les pratiques des chuchoteurs, nouveaux maîtres et autres bonimenteurs ne sont en aucun cas de l'éthologie.

L'éthologie est la biologie comparée du comportement animal. C'est une science qui demande des connaissances approfondies en biologie animale, en génétique, en neurophysiologie. De plus on ne peut pas faire de l'éthologie sur une seule espèce : on ne comprendra rien au comportement d'un cheval ou de tout autre animal, si on n'a pas déjà une connaissance en éthologie fondamentale et sur l'évolution des comportements liée à l'évolution du vivant. On ne peut comprendre les oiseaux que si on sait comment fonctionnent les poissons et les reptiles ; pour comprendre les mammifères, il faut savoir comment fonctionnent les reptiles et les oiseaux… Je doute fort que la génération spontanée de nouveaux maîtres en éthologie équine ait ce genre de connaissances ! On est à peu près dans le même rapport qu'entre le rebouteux et le médecin ostéopathe.

Soyons Clairs…

De plus, l'expression « équitation éthologique » ne veut rien dire : l'éthologie est une science d'observation, pas d'intervention sur l'animal.

Si encore leur pseudo-éthologie était sérieuse… mais ils propagent les erreurs les plus extravagantes avec un aplomb extraordinaire !

En voici quelques exemples (hélas) non exhaustifs.

Tous insistent sur le modèle prédateur/proie du rapport homme/cheval.

Heureusement, la vie d'un cheval, même dans la nature, ne consiste pas à être une proie permanente et les « programmes anti-prédateurs » de fuite ou de défense n'ont pas l'occasion de fonctionner très souvent. Pour ce qui est du prédateur, nous voyons ces manipulateurs à peu près en permanence dans des attitudes de primate chasseur, poursuivant le cheval en agitant un bâton à l'extrémité duquel est noué un morceau de bâche en plastique noir, piétiner, et autres grimaces que nous connaissons bien en primatologie dans les confrontations entre mâles. Le bâton lui-même est un morceau de tube métallique laqué blanc, coiffé d'un bouchon en caoutchouc à chaque extrémité, qui a été mis à la mode par PARMI sous le nom de « Carot stick », le bâton carotte, parce qu'il s'en sert parfois pour caresser le cheval. En bref, ils ont réinventé la cravache de dressage…

Notons enfin que « prédateur » n'est pas non plus un statut, mais une activité vitale, la prédation, obligatoire pour les carnivores, et facultative pour les omnivores comme l'homme (chasseur-cueilleur). Celui-ci peut très bien adopter un comportement « cueilleur » et s'insérer dans la vie sociale du cheval qu'il faut bien entendu connaître, et non interpréter, ce qui n'est pas le cas général.

Tous prêtent au cheval une organisation sociale de type humain, et parlent de « chef », de « dominant qui dirige », de « leader ou de jument qui conduit la harde », et autres fantaisies de livres pour enfants…

Ils ignorent que la structure sociale des chevaux est une structure de petit harem en réseau (c'est-à-dire où tout le monde surveille tout le monde) d'une dizaine d'individus, poulains compris, où chacun garde son autonomie et son indépendance, et non une structure pyramidale avec un chef (où tout le monde surveille un individu : le chef).

Il n'y a pas de chef chez les chevaux (rappelons qu'un chef est celui qui organise l'activité des autres, un dominant est celui qui est prioritaire dans l'accès aux biens de consommation, et un leader, celui dont l'activité paraît intéressante aux autres qui ont, pour cette raison, tendance à l'imiter sans qu'il y soit pour rien).

Les règles à respecter sont de ne pas s'écarter du groupe (l'étalon étant chargé de ramener les égarés par le herding, qui est une activité de sécurité et non une activité de chef), de respecter l'espace personnel et la priorité d'accès aux biens de consommation de ceux qui sont au-dessus dans la hiérarchie de dominance et de faire respecter les prérogatives correspondant à son propre rang par ceux qui sont en dessous. Donc, dans le groupe, personne ne dirige personne ; cela n'empêche pas un fonctionnement cohérent du groupe basé sur l'imitation sociale, l'aspiration sociale, la phobie de s'écarter et le respect de dominance, qui entraîne une auto-organisation permanente sans avoir besoin de « diriger ».


Ils ignorent qu'il existe différents types d'agressivité et pas seulement celle du prédateur (qu'eux même utilisent en permanence sous l'appellation « méthode douce ») :

Outre l'agressivité de prédation, il y a aussi l'agressivité défensive, l'agressivité de compétition sociale et l'agressivité de dérivation d'angoisse ou d'irritabilité. Elles ont des fonctions fort différentes et n'ont en commun que de mobiliser l'axe H.H.A.2 que l'on appelle souvent « l'axe du mal » parce que cette mobilisation trop longue, trop violente ou trop souvent répétée est à l'origine de nombreuses pathologies.


Ils ignorent que la « soumission » obtenue par les méthodes du type « join-up » est en fait une aliénation pathologique connue sous le nom de syndrome de Kliiver-Bucy :

Cette pathologie est provoquée par les mises en fuite et les blocages répétés du « join-up » et des pratiques assimilées. Ces inhibitions de l'action cohérente du cheval entraînent une très forte activation de l'axe H.H.A. qui aboutit à « shooter » l'animal par ses propres endorphines et entraînent des lésions des noyaux arnygdaliens latéraux du cerveau limbique (le cerveau des émotions) par la libération de radicaux libres provenant de mécanismes oxydatifs exagérés.

Les animaux ainsi traités manifestent une soumission extraordinaire. Ceux qui étaient sauvages et n'avaient peur de l'homme se sont apprivoisés et n'ont montré ni peur ni agressivité.


Ils ignorent que le niveau de développement du cerveau du cheval, pratiquement dépourvu de cellules au niveau du néocortex associatif, ne lui permet pas de « comprendre » au sens humain du mot.

Le cheval n'atteint pas le niveau de la « décentration » qui permet à l'homme de se voir et de se mettre à la place de l'autre. Il reste à un niveau égocentrique et sensorimoteur : il perçoit des sensations et il y répond en fonction des programmes propres à l'espèce, de son tempérament, de son vécu et de ses émotions.


Comprendre « n'existe pas dans le cerveau d'un cheval : il ressent et réagit, puis apprend en fonction du résultat de son action qui active soit le circuit de la récompense (M.F.B.), soit le circuit de la punition (P.V.S.). Les centres de décision de l'action restent, chez le cheval, à l'étage émotif du cerveau puisqu'il ne possède pas l'étage logique dont l'homme dispose.


Ils ignorent que tout débourrage rapide fait nécessairement appel à l'inhibition conditionnée, qui mobilise le système PVS et l'axe H.H.A. dont nous avons parlé pour la 'soumission' :

Le cheval « shooté » aux endorphines se laisse évidemment monter… et la méthode paraît douce, car il n'y a pas de violence apparente. Toutes les pratiques qui visent à immobiliser rapidement le cheval rentrent dans cette catégorie et certaines basculent franchement du côté de la maltraitante.

Les méthodes réellement douces font appel à « l'habituation » qui est un mécanisme physiologique de désensibilisation sensorielle progressive et non de blocage moteur. Elle a l'inconvénient d'être lente, (au minimum quinze jours à trois semaines) car elle repose sur un grand nombre de répétitions des stimuli avec une intensité faible au départ, puis progressivement croissante.

Ils ignorent qu'un cheval adulte ne joue plus et que les « jeux » pratiqués ne le sont que pour l'homme…

La fonction du jeu, uniquement chez les jeunes, est de roder les programmes d'actions qui seront utiles plus tard chez l'adulte. Chez celui-ci, les programmes « ouverts » du jeu se referment et les comportements qui ressemblent tellement à du jeu ne sont plus que des fonctions d'évacuation des tensions.


Ils ignorent que les agressions et les blocages répétés qu'ils font subir en permanence à leur cheval provoquent obligatoirement à plus ou moins long terme des séquelles variées.

Nous avons filmé une jument prise de coliques pendant les manipulations effectuées comme « démonstration » par un intervenant connu et apprécié du public. Voici quelques séquelles


Diminution du flux sanguin dans des zones du cerveau participant à la motivation et à la décision.

La corticostérone produite entraîne des morts cellulaires dans l'hippocampe, partie du cerveau impliquée dans la mémoire et l'apprentissage.

L'accoutumance aux endorphines produites entrave la prolifération des cellules granulaires du même hippocampe.

Troubles de l'attention, de l'anticipation et de la prise de décision.


Troubles du sommeil.

Syndrome de résignation, syndrome de Klüver-Bucy (1937).

Ulcération gastrique, fréquente chez les trotteurs. – Micro-hémorragies intestinales se traduisant par des coliques.

Tics variés (tic aérophagique, tic à l'ours, hyperkinésie).

Baisse importante des défenses immunitaires (hypersensibilité aux maladies banales, au parasitisme, etc…) – Etc…


Ils ignorent que la vision n'est pas le sens de référence du cheval, mais que c'est toujours à l'olfaction que le cheval se réfère en dernier ressort.

La position latérale des yeux lui donne une vision panoramique étendue, mais pas de vision binoculaire donnant la vision du relief. Il ne possède pas de fovéa sur laquelle l'oeil humain centre les images à l'aide des muscles oculomoteurs. Ses cellules ganglionnaires sensibles sont concentrées sur une étroite ligne naso-temporale, et le sens du relief est provoqué par le déplacement de l'image le long de cette ligne, d'oeil restant relativement fixe. Pour percevoir le relief il faut donc que l'objet soit en mouvement par rapport au cheval ou que lui-même se déplace par rapport à l'objet. Cela est particulièrement important pour la perception du relief d'un obstacle et l'on voit bien que, dans un saut de pied ferme, soit-il saute avec une très grande marge de sécurité, soit-il passe carrément à travers. D'autres caractères, comme la forme non sphérique de la cornée et un nombre d'aires visuelles dans le cerveau plus réduit que nous, le spécialise dans la détection très fine du moindre mouvement. Mais, par ailleurs ; il essayera toujours de vérifier ce qu'il a vu en allant sentir, l'olfaction restant son sens de référence. L'audition, elle, par la position des oreilles, indique vers quoi le cheval porte son attention, et les deux oreilles tournées vers l'arrière, mais non plaquées, indiquent qu'il porte son attention vers ses sensations corporelles, par exemple lorsque nous utilisons une action des aides.



Ils ignorent que faire faire demi-tour à un cheval sur la piste, tête vers l'extérieur, en lui barrant le passage, constitue une agression caractérisée (un chien de chasse fait ainsi changer de direction l'animal qu'il poursuit) provoquant fuite et stress.

De récents enregistrements au cardio-fréquencemètre effectués dans notre station sur le changement de main par aspiration vers l'intérieur et par barrage et demi-tour par l'extérieur, ont montré que la première méthode, pour un cheval donné, maintenait le rythme cardiaque aux environs de 130 pulsations et entraînait même une baisse de plusieurs points pendant le mouvement. Au contraire, la seconde méthode entraîne un pic brutal de fréquence qui monte aux environs de 200 pulsations. Il en est de même pour les pratiques du genre join-up qui entraîne, non plus un pic, mais un large palier durable à cette fréquence très élevée.


CONCLUSION

Nous arrêterons là cette énumération, car on pourrait écrire un livre entier avec ce qu'ils ignorent et enseignent néanmoins avec aplomb, sans aucune qualification ou avec des diplômes auto-créés au dépend de ceux qui ont passé du temps à obtenir un B.E. (brevet d'état).

L'analyse éthologique des écrits, des discours et des pratiques sur le terrain de chacun d'eux qui a été entreprise par notre station de recherche fait ressortir que :

Tous sont des manipulateurs efficaces de chevaux (et pas seulement de chevaux !), se préoccupant peu du bien fondé de leur discours ou de leur pratique du moment qu'ils obtiennent des résultats rapides et, de préférence spectaculaires, ce que Georges Charpak appelle « l'effet Barnum ».


Ils utilisent des méthodes qui n'ont rien de nouveau puisqu'elles sont utilisées depuis des décennies dans le dressage des chevaux de cirque que nous avons étudié dès les années soixante. Elles sont basées sur des conditionnements de type S et sur des inhibitions conditionnées qui ont pour résultat de « robotiser » le cheval, ce qui est utile pour le spectacle, mais mène à une impasse en ce qui concerne l'équitation classique. Leurs écrits et leurs discours, particulièrement adroits, sont très plaisants et correspondent très bien au discours que les cavaliers, déçus de la pédagogie actuelle, sont heureux d'entendre. Les mots respect, confiance, accord du cheval, etc, reviennent sans cesse alors qu'il faudrait parler d'aliénation.

Car, malheureusement, leur pratique ne correspond jamais au discours qui l'accompagne. Cette pratique est d'autant plus dangereuse que la violence qu'elle utilise n'est pas une violence visible de l'extérieur.

Elle s'apparente plutôt à ce qu'on connaît chez l'homme sous le nom de « lavage de cerveau ». Nous avons vu et enregistré un cheval faire une colique et un autre s'arrêter en sueur, la verge pendante, ce qui signe un taux élevé d'endorphine dans le sang.

Les méthodes classiques de débourrage avec travail à la longe suivi de travail aux longues rênes, avant tout travail monté, exécuté en prenant du temps (en moyenne un mois), et le travail monté correctement pratiqué selon les principes de l'Ecole Française sont certainement plus douces.

Il est certain que la pédagogie et la pratique dans l'Ecole Française nécessiteraient un dépoussiérage utilisant les connaissances récentes en éthologie scientifique, en neurophysiologie (isopraxie, neurones miroirs…), en biomécanique, etc. si nous souhaitons que l'objectif, dans notre pays, ne s'oriente pas uniquement vers une équitation de tout terrain, sans selle et sans embouchure, … et avec un grand chapeau !


*


Donc, pour résumer, si vous cherchez un professionnel, un bon conseil, vérifiez qu'il possède un Brevet d'Etat, de préférence qu'il est instructeur. Celui-là saura doser les méthodes et même si, pour gagner son pain, il fait mine d'être un cow-boy, il y a fort à parier qu'il ait fait le tri dans tout ça.



24/05/2008
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