Akhal-Teke Magazine

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Une brève biographie de Vladimir Shamborant écrite par Alexander Klimuk

Le 17 septembre 2009 marquera le 100e anniversaire de Vladimir Petrovich Chamborant : l'un des plus fameux éleveur d'Akhal-Téké du 20e siècle. Vladimir Petrovich Chamborant est né à Moscou dans une famille de descendants nobles et militaire. Son père, Pierre, lui a transmis l'amour des chevaux dès l'enfance : chevaux militaires, de courses et Haras de la région de Moscou.

La Revolution et la guerre civile laissèrent par chance la famille Chamborant, et Pierre Chamborant, officier du Tsar, devint officier de l'Armée Rouge. A la fin de la guerre, il travailla à l'acquisition des chevaux pour l'armée.

Vladimir Chamborant se souvient que son père l'emmenait toujours sur les champs de course avec obligation de rester dans un cercle qu'il traçait au sol. C'est lors d'une de ces visites sur les champs de course que Chamborant vit pour la première fois un akhal-téké. C'était le célèbre Mele Kush; lors que la première exposition post-révolutionnaire de 1923. Mele Kush et Vladimir avaient le même âge. Ce cheval était le préféré parmi les chevaux turkmènes et il devint le symbole de la race.

La seconde rencontre de Chamborant avec un Akhal-Téké eut lieu bien plus tard. Déjà étudiant en zootechnique à l'institut du Cheval, il fut envoyé en mission comme interne à Ashkhabad. Selon lui, According to his own recollection, il ne voulut plus quitter le premier akhal-téké qu'il rencontra : Beledzhika, un fils de Bek Nazar Dor. L'internat à Ashkhabad stud farm lui permis de mieux comprendre la race. L.V. Nikolenko l'aida, ainsi que quelques excellents éleveurs et entraîneurs comme Anna Guli, Khalmi, Agishan, et d'autres. Il est intéressant de noter qu'une sélection sur un élevage technique selon des critères d'apparence et d'agileté devint fondamentale pour Vladimir Chamborant.

Bien sûr, la structure généalogique du Haras d'Ashgabat était magnifique : au milieu du troupeau, il y avait les filles de Mele Kush, Topor Bay, Bek Nazar Dor et Everdy Teleke, et au cœur des étalons, Everdy Teleke et Hadji Bai eux-mêmes.

Après son diplôme, et avant la seconde guerre, V.P. Chamborant travailla à l'Académie d'agriculture K.A. Timiryazyev de Moscou dans la recherche équine. Quand la guerre commença, tous les chevaux de son écurie furent envoyés au front. Pendant l'une des batailles de 1941, V.P. Chamborant fut sérieusement blessé, au point d'en être lourdement handicapé. Son mode de vie semblait remis en question. Il n'en fut rien.

Ayant recommencé à travailler dans l'administration centrale des Haras, V.P. Chamborant retourna à sa race favorite. Il commença par des voyages d'affaire au Turkménistan et au haras Dzhambul'skij. Puis, ce fut la sélection de fermes et l'acquisition du cheval Dzhambul en 1934 (Dor Sashli/Kara Kir). En 1946, il déménagea au Turkménistan. La situation était mauvaise. Les chevaux de 3e, 4e et même seconde génération possédant du sang anglais représentaient une part importante de l'élevage. Seule la performance comptait au détriment du type.

La première chose que fit V.P. Chamborant fut d'éliminer le sang anglais. Pour réorganiser le haras, il acquis un excellent poulain : Fakir Sulu (1935, descendant de Sluchai et Firyuza) et un groupe de juments. Au Turkménistan, il acquit un excellent cheval de course : Kir Sakar (1936, descendant de Algyr et Aiden). Tout le monde n'apprécia pas ces mesures. Mais bientôt les premières naissances vinrent confirmer la justesse de la sélection et de l'orientation donnés par Chamborant. Le tremblement de terre d'Ashkhabad en 1948 fut une tragédie pour le Turkménistan. Mais par chance, le haras fut sauf et en 1949, au haras d'Ashkhabad Gelishliki vit le jour, qui devait devenir le symbole du travail de Chamborant.

En 1951, c'est au tour de Fakir Pelvan  et en 1952, de Keimir, autant de chevaux devenus légendaires. Il semblait que tout aille pour le mieux quand soudain des changements politiques vinrent faire pire pour les chevaux que toutes les catastrophes naturelles. Le nouveau leader du pays décida que les chevaux étaient devenus inutiles à l'économie nationale. Pratiquement, les autorités locales fermèrent les haras, et des milliers de merveilleux chevaux furent abattus. Le Haras d'Ashgabat fut fermé et le poste de Chamborant supprimé. Il dût quitter le Turkménistan. Les photos de la guerre et de Fakir Pelvan ornait son appartement. Il pensait que la race allait disparaître…

C'est ce qui se serait produit sans quelques personnes admirables du Ministère de l'Agriculture, en premier lieu G.V. Nechiporenko, l'inspecteur en chef de la production chevaline au ministère.

Il publia deux articles pour défendre les Akhal-Tékés, dont un dans le célèbre magazine "Oganyok". L'une des suggestions de G.V. Nechiporenko fut la réorganisation en une seule des haras de Russie, avec une branche pour l'élévage des Akhal-Tékés. Cette proposition fut soutenue par le chef de l'administration des haras au sein du Ministère de l'Agriculture de la République Socialiste de Russie : P.P. Peryshevij. Aidant dans cette restructuration, les deux akhal-tékés offert à la Reine d'Angleterre en 1956 : les superbes Melleke et Melekush, qui attirèrent l'attention du monde entier.

Suite à cela, en 1957, V.P. Chamborant fut chargé d'aller au Turkmenistan pour acheter un lot d'Akhal-Teke pour le haras de Tersk. Ce ne fut pas chose facile. Le haras d'Ashgabat était en ruine au propre et au figuré et nécessitait une sérieuse restauration. Il fut décidé de chercher des chevaux dans les fermes collectives. V.P. Chamborant alla dans toutes ces fermes souvent très éloignées les unes des autres. Il aimait à se souvenir du jour où, arrivant près d'un puits dans le désert, il vit des tâches d'or qui disparurent aussitôt. C'était des juments akhal-tékés dorés qui s'enfuirent à la vitesse du vent. Elles ne venaient au puits d'une fois par jour.

Le second fait intéressant arriva dans l'une des fermes collectives de la région de Kakhinsk. Après avoir fait le tour complet d'une ferme, sans rien trouver d'intéressant, l'attention de Chamborant fut attirée par une jument boiteuse et sellée dans un petit troupeau. A la suite de quoi, cette julment, nommée Obgan (descendant de Lachin et Sil'fa) devint l'une des meilleure poulinière du haras de Tersk. En tout, 52 Akhal-Tékés furent exporté du Turkménistan, dont les Trois étalons : Fakir Pelvan, Taimaz, et un peu plus tard, Gelishikli.

Il arrivèrent ensemble à Tersk. Le premier travail à accomplir était de produire des forts et maniables chevaux de sport tout en préservant le type et la vitesse. Le flair et l'harmonie de Sultan et Guli fut requis pour la composition de base de ce brillant et élégant type d'akhal-tékés du haras de Tersk (V.P. Chamborant).

Ce travail fut accompli avec succès. Les chevaux nés à Tersk devinrent des modèles de la race, par leur type brillant : Yulduz, Gundogar, Azat, Fantazia, Gul'dzhakhan, les courses de vitesse et d'endurance : Opal, Posman, Kaltaman, Ametist, et aussi dans les sports équestres : Penteli, Goknar, et Posman.

Au début des années 1970, au sommet de sa gloire, la section Akhal-Téké du haras de Tersk fut sommée sans raison aucune de déménager, sous prétexte de ne pas perturber le développement des chevaux Arabes. Inutile de réfuter cette décision dans le détail, il suffit de rappeler que V. P. Chamborant était le créateur d'Arabes aussi fameux que Naber, Kilimanjaro, Pirit, Palas, Moment, Naturshitsa, Karta, Pesniya, et beaucoup d'autres. Quoiqu'il en soit, les akhal-tékés quittèrent Tersk pour rejoindre le Dagestan en 1971. Pour Chamborant, aucune hésitation entre quitter Tersk ou quitter les akhal-tékés. Il partit donc s'installer au Dagestan. Il avait déjà) 60 ans. Rien n'était prévu pour accueillir des chevaux, aucune tradition d'élévage équin non plus. Tout était à faire dans cette région désertique. C'est seulement grâce à l'opiniâtreté, au talent, au travail, à la patience et à l'amour des akhal-tékés qu'il est possible d'expliquer comment et pourquoi Chamborant bâti le haras du Dagestan. Néanmoins, il ne baissa pas la qualité. Il réinjecta du sang neuf en achetant le très bon poulain Sere au Turkménistan, qui, avec les chevaux de Tersk, Yuldus notamment, servirent de base au nouvel élevage.

Les meilleurs chevaux du Dagestan témoignent de l'intelligence de la sélection de Chamborant. Nous lui devons : Adat, Khalif, Dagestan, Aylar, Omar, Aygytli, Yasman, Gaysan, Derebent, Maya, et beaucoup d'autres. V. P. Chamborant inocula le virus à tous ceux qui étaient autour de lui au Dagestan, proncipalement de jeunes gens, auquel il transmis son savoir.

Au début des années 1980, à cause du succès du haras du Dagestan, beaucoup de nouveaux élevages d'akhal-tékés, virent le jour en Russie. En général, elles prirent le nom d'élèves de V.P. Chamborant. Déjà à la retraite et d'un âge avancé, il ne renonça pas à sa passion. Pour ses élèves, rien ne comptait plus que l'opinion de V.P. Chamborant. C'était quelque chose de voir les yeux des plus jeunes et leur dévotion. En 1996, très malade, Chamborant ne put se rendre à Moscou, mais il ne manqua pas de regarder les courses à l'hôpital. Il mourrut le jour où elles commencèrent : le 9 Mai 1996.

A.C. Klimuk, traduit en français par Laurence Bougault

Nota: Suite à la remarque de Jean-Louis Gouraud, j'ai rétabli l'orthographe française du patronyme Chamborant, souvent orthographie Shamborant pour cause de traductions multiples d'un alphabet à l'autre...



19/11/2008
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